Les Sondeurs du Temps
Les Sondeurs du Temps
Stephan LEWIS
CHAPITRE I
– Professeur ! Professeur ! … Venez voir !
L’invitation a été lancée par un homme jeune à la carrure athlétique, portant pour tout vêtement un simple pantalon de toile kaki. Il est coiffé d’une casquette à large visière et son torse musclé luit sous les rayons d’un soleil brûlant. Nous sommes quelque part dans le Peten, un territoire grand comme la Suisse, situé au plus profond des jungles tropicales du Guatemala.
Deux aras, grands perroquets grimpeurs, brusquement dérangés dans leur tranquillité, affolés et criards, s’envolent bruyamment vers les hautes branches en étalant la splendeur de leur plumage bleu et or, faisant lever la tête au personnage interpellé…
Ce dernier, qui accuse la soixantaine, se tient agenouillé près du fronton d’un temple maya, au milieu des vestiges de ce qui fut jadis une cité à présent enfouie et dévorée par la forêt tropicale. Il est occupé à déchiffrer des hiéroglyphes gravés sur une stèle prismatique en stuc de plusieurs mètres de hauteur, dont l’une des faces représente un personnage étrange et d’une taille démesurée.
Tout en tentant vainement de chasser une nuée de moustiques virevoltant en un nuage déplaisant, il s’est aussitôt retourné en direction de l’interpellateur, pour l’interroger du regard par-dessus ses petites lunettes cerclées d’acier qu’il porte en permanence sur le bout du nez.
– Qu’y-a-t-il donc Dany ? Vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ?
Sans répondre, le solide gaillard de 41 ans, aux yeux verts et cheveux noirs taillés en brosse, sujet de sa gracieuse majesté britannique à l’instar de son compagnon, ingénieur en électronique de son état et répondant au nom de Dany Ballantine, brandit un objet qu’il a déjà sommairement débarrassé de la gangue de terre et d’argile qui l’enveloppait.
- Mais … C’est un crâne humain que vous tenez entre les mains !
– En effet professeur. A la différence prés, c’est que celui-ci semble être en cristal.
Tout en haussant les sourcils, le professeur Joseph Winter, éminent archéologue au front partiellement dégarni, portant pour la circonstance un chapeau de brousse à large bord et revêtu d’un léger pantalon detoile et d’une simple chemisette en coton, a épongé la sueur qui perle sur son front. Il s’est empressé de s’essuyer les mains sur sa chemise déjà maculée de poussière, dont le col largement échancré lui permet de supporter plus facilement lachaleur torride du climat tropical de l’Amérique Centrale, en cette journée du 12 septembre 1999.
– En cristal dites-vous ?
– Voyez vous-même professeur… propose Ballantine, qui s’est déjà approché en continuant de nettoyer son étrange trouvaille.
Winter, qui s’est redressé, détaille aussitôt la pièce avec la plus vive curiosité. Les quatre Mexicains qui les assistent dans leurs fouilles et parlent leur langue, coiffés de l’inévitable sombrero à jugulaire de cuir, se sont avancés à leur tour.
– Vous avez raison. On dirait bien du cristal !
L’objet en question, qui vient maintenant d’être correctement nettoyé, s’avère être la réplique anatomiquement parfaite d’un crâne humain grandeur nature. Il s’agit certainement de celui d’un homme qui, à première vue, a été sculpté dans un seul morceau de cristal de quartz.
– Quelle curieuse chose ! Regardez Dany ! Il est pourvu d’une mâchoire détachable et… de 31 dents !… s’étonne Winter, en constatant que l’une d’elles se rapportant à la partie postérieure fait défaut à la mâchoire.
– Comme c’est étrange. Voyez professeur. L’emplacement de la trente-deuxième est pourtant prévu. Mais la cavité paraît volontairement vide, car il ne semble pas que l’on ait ôté l’une des dents. D’ailleurs, comme vous pouvez le constater, les autres font partie intégrante de la mâchoire, tandis que l’espace prévu pour la molaire manquante n’a pas le même aspect. Il comprend une espèce de pivot. Et cette chose fait bien dans les cinq kilos, si je ne m’abuse !
– Sans aucun doute… acquiesce Winter… Ce qui me déroute, c’est que ce crâne ne semble pas présenter le moindre défaut ! Aucune marque d’un quelconque outil qui aurait pu servir à sa fabrication!
– Il y a assurément des lustres qu’il est enfoui à cet endroit.
– A ma connaissance, aucun de mes confrères n’a encore eu vent de ces ruines mayas en ces lieux perdus. C’est une aubaine que d’avoir dégoté ce sanctuaire! Sans grand risque d’erreur, je peux m’avancer en déclarant que cet objet est certainement ici depuis un bon millier d’années. Ce qui est étonnant, c’est que nous l’ayons découvert au milieu de ces vestiges d’une ancienne civilisation maya.
– C’est à tous les coups le grand-père des boules de cristal… plaisante Ballantine avec un gloussement amusé.
– Notre trouvaille va vraisemblablement faire plancher bon nombre de mes confrères. Ce crâne est une pure merveille. Aucun défaut apparent. Et comme je vous le disais, même en y regardant de près, il ne porte pas la moindre trace d’un quelconque outil ayant pu servir à sa création. C’est déroutant ! Nous pouvons sans aucun doute prétendre que toute la technologie du XXème siècle serait dans l’incapacité totale de réaliser un travail aussi délicat, pour obtenir un résultat d’une telle perfection… finit par déclarer le professeur, la mine dubitative, en manipulant l’objet qu’il examine avec une attention soutenue.
– Mais que !… s’étonne soudain Ballantine …
L’un des quatre chicleros (forestiers mexicains) s’est aussitôt incliné pour ramasser le petit tube métallique qui vient de glisser du crâne de cristal, pour le remettre à Ballantine.
– Un cylindre de métal !… indique machinalement Winter, dont le visage reflète à présent la plus vive surprise.
– Il y a un rouleau de papier gommé à l’intérieur. C’est un écrit, libellé je crois, en espagnol… mentionne Ballantine, après avoir déroulé le parchemin.
Celui-ci, réduit à une simple bande de papier grossier, jauni et tout craquelé, d’une vingtaine de centimètres sur huit de largeur, a visiblement été rédigé d’une main malhabile et hésitante.
– C’est bien de l’espagnol… confirme Winter, qui maîtrise parfaitement cette langue encore utilisée officiellement au Mexique.
D’une voix chevrotante, il en entreprend la lecture après avoir correctement rajusté ses petites lunettes …
- » Mexico … le 8 juin 1882 … Je suis porteur d’un message à l’intention de celui ou ceux qui découvriront le Crâne de Cristal … Que Dieu me pardonne. Je ne peux que leur transmettre une mise en garde, car je suis porteur d’un terrible secret. Mon nom n’a guère d’importance … Voici l’histoiredu Crâne de Cristal …
Tout a commencé deux ans plus tôt. Le 15 mai 1880. Je faisais alors partie d’un groupe d’aventuriers embarqués pour l’Amérique Centrale. Direction le Peten,la région la plus grande mais la moins peuplée et la plus inhospitalière du Guatemala, où nous partions à la recherche de la civilisation perdue de l’Atlantide…
Après plusieurs jours d’une marche harassante à travers la jungle, nous découvrîmes ces lieux par hasard, vestiges d’une cité secrète construite jadis par les Mayas.
Nous nous attelâmes aussitôt à l’exploration du site.
C’est en creusant sous l’autel du temple, que nous mîmes à jour le Crâne de Cristal, certainement enterré depuis des millénaires à cet endroit. J’ignorais alors que nos existences allaient s’en trouver à ce point bouleversées, et que ma vie et celle de mes infortunés compagnons s’en trouverait menacée. Sachez tout d’abord qu’en ce qui vous concerne, il n’est pas trop tard pour inverser les éléments terrifiants et irréversibles qui ne vont pas tarder à se déchaîner dans votre entourage et auxquels je n’y puis malheureusement rien. Vous êtes en possession du Crâne deCristal, révélateur d’un terrible secret, s’il faut en croire la Confrérie des Descendants de la Première Lumière. Si vous ne le replacez pas immédiatement à l’endroit où vous l’avez trouvé, vous allez à votre tour réveiller le Golem, le Gardien des Capsules du Temps. Mes révélations vont certainement vous paraître fantaisistes, mais votre vie est d’ores et déjà en danger si vous n’accordez aucune attention à cet avertissement. Le Golem, cette créature maléfique, est programmé pour intervenir et anéantir celui ou ceux qui se seront emparés du Crâne de Cristal.
Mes sept compagnons en ont fait la triste expérience, pour avoir été, les uns après les autres, exterminés en moins de quelques jours. Les personnes ayant été en contact avec le crâne, ont été confrontées par la suite à des événements bizarres et horribles ou à d’inexplicables et étranges phénomènes. Je suis maintenant conscient que cette monstruosité est sur mes traces, restant le seul et malheureux survivant de cette triste et pour le moins étrange aventure. Aussi, avant d’en finir, me reste-t-il de tenter d’apaiser la colère du Golem, en replaçant le crâne à l’endroit exact où nous l’avons trouvé, sous l’autel du temple.
Je ne sais si je survivrai à cette dramatique aventure, car il est assurément trop tard … Que Dieuvous garde … »
Winter, tout en pinçant légèrement leslèvres, leur signifie que le texte du message s’arrête ici.
– Si c’est une plaisanterie, je la trouve plutôt d’un goût douteux!… ricane Ballantine en haussant les épaules, tout en esquissant un sourire amusé.
– Et si l’auteur de ce message était sérieux ?… relève le professeur avec une moue circonstancielle, regardant son ami par-dessus ses besicles, laissant néanmoins penser qu’il n’en gobait assurément pas un traître mot.
– Et cette menace viendrait d’un … golem ! … Si l’on se réfère à la légende, le golem serait une créature artificielle à forme humaine, constituée essentiellement d’argile. Difficile d’admettre qu’une telle chose puisse s’en prendre à qui que ce soit ! A moins de rêver tout haut… raille Ballantine avec un rire étouffé, en se vrillant l’index sur la tempe.
– Dans la Bible, le mot golem est employé à propos d’Adam, lorsqu’il est encore sans forme et que le souffle divin nel’a pas encore atteint… complète Winter en se grattant ce qui lui reste de cuir chevelu… Le golem réapparaît dans la mythologie juive et en Europe Orientale, pour semer la mort et la désolation. Des puissances invisibles l’habitent et l’animent. Il est comme guidé par une volonté extérieure démoniaque.
– Que décidez-vous professeur ? On emmène ce truc ou … on le remet vivement en place ?… taquine Ballantine, en adressant un clin d’œil aux métis qui assistent à la conversation, un sourire narquois naissant à la commissure des lèvres, anticipant déjà intérieurement la réponse de son ami.
– Une pièce d’une telle rareté ! Vous plaisantez ! Ce serait un crime envers l’archéologie que de dédaigner ce que le hasard a bien voulu nous offrir ! Je voudrais bien voir ça !… se défend sans aucune retenue Winter, en fourrant vivement l’objet dans son havresac sous l’œil amusé de Ballantine et des quatre Mexicains, qui n’ont pu retenir un rire étouffé.
Le soleil se couche déjà sur l’horizon. La chaleur s’est tout à coup faite moins accablante et d’autant plus supportable, et il a été décidé de regagner le campement. Celui-ci, réduità trois tentes légères, dont une compartimentée pour la servitude, a été installé à une vingtaine de mètres du site, auxabords d’une petite clairière perdue dans l’immense forêt vierge. C’esten son centre que s’estposé la veille le petit hélico pilotépar Ballantine, loué pour quelques jours en même temps que le matériel de camping à Florès, la capitale dudistrict du Peten.
Les Mexicains ont allumé un feu et l’un d’eux retourne d’une main experte les steaks sur le grill. Ballantine s’est installé auprès du professeur qui, à l’aide d’une puissante lampe torche, inspecte à présent et minutieusement chaque détail de leur énigmatique découverte. Maintenant qu’ils l’examinent en pleine lumière, l’objet présente toutes les caractéristiques d’un crâne véritable. Il se révèle être on ne peut plus finement ouvragé, reflétant un mélange de travail artisanal de haute précision, technique requérant au moins trois cents ans d’efforts humains, ce qui déroute totalement le professeur. Alors que celui-ci poursuit méticuleusement son inspection, Ballantine, qui jette machinalement un coup d’œil sur le crâne, a brusquement senti ses pulsations s’accélérer … Son compagnon en laisse même choir la courte pipe en écume qu’il tenait entre les dents.
– Mais … Qu’est-ce que c’est encore que !… s’effare Ballantine en écarquillant les yeux.
– Il me semble que cela vient de l’intérieur du crâne !…balbutie Winter.
Stupéfaits, tous deux constatent que les orbites viennent de s’allumer pour s’éteindre presque aussitôt, lorsque le professeur, aussi déconcerté que son compagnon, a vivement éteint la torche dont le faisceau de lumière inondait l’intérieur de l’objet.
– Cette chose semble contenir une quantité phénoménale d’énergie !… murmure encore Winter, l’air ahuri.
– Cela se pourrait… relève Ballantine… Mais les yeux se sont éteints aussitôt que vous ayez cessé d’éclairer l’intérieur du crâne. J’imagine qu’une partie du palais doit jouer le rôle d’un prisme. Lorsqu’une source lumineuse, tels les rayons de votre torche en l’occurrence, est placée sous le crâne, le prisme projette la lumière vers le haut et à travers les yeux.
Comme pour accréditer sa version des faits, le même phénomène se reproduit aussitôt, Winter ayant rallumé sa torche et l’ayant placée de nouveau sous l’objet. Les rayons lumineux convergent vers les orbites en une lueur diffuse et intense.
– Vous voyez ! C’est étonnant, mais c’est bien ce que je pensais… conforte Ballantine, toutefois aussi dérouté que son compagnon ; lequel paraît on ne peut plus impressionné par la facture de l’objet.
– La complexité de ce montage optique doit certainement servir à quelque chose… finit par admettre ce dernier, de plus en plus intrigué par l’étrangeté du phénomène.
– Un peu de patience professeur. Je crois que nous avons la réponse à votre question. Nous n’allons pas tarder à être fixés… murmure Ballantine, le regard rivé sur le crâne de cristal, dont le rayonnement s’est brusquement accentué ; tandis qu’à leur plus profond désarroi, une aura brillante et verdâtre entoure à présent l’objet.
Le spectacle hallucinant qui prend alors forme sous leurs yeux, est tellement insolite qu’ils en restent un court instant déconcertés et abasourdis … Une image floue, mais en trois dimensions, semblant en suspension à quelques mètres du sol, comme projetée par un puissant rayon lumineux sur un écran invisible, émane à présentdes orbites du crâne.
– Nom d’une pipe, une projection holographique !… s’effare le professeur, bouche bée, en se tamponnant le front à l’aide d’un mouchoir, tandis que les Mexicains, stupéfaits, ont cessé toute activité.
Ballantine, sans souffler mot, s’est passé une main ouverte dans sa courte brosse en ayant un froncement de sourcils.
Les lueurs de l’image en relief projettent à présent d’étranges reflets sur la toile des tentes, tandis que l’hologramme paraît de plus en plus net.
Winter et Ballantine l’ont immédiatement interprété …
– La configuration de notre système planétaire!… commente ce dernier en échangeant un regard éberlué avec le professeur.
Ils assistent alors à la lente apparition des neuf planètes du système solaire, qui se positionnent successivement et exactement à la place qu’elles occupent par rapport au Soleil. La quatrième, immédiatement reconnaissable en raison de sa couleur orangée, s’est subitement désolidarisée du système. Elle paraît à présent en gros plan, tandis que le cortège des huit autres s’estompe progressivement, laissant exclusivement la planète rouge envahir l’écran qu’elle traverse d’une seule traite en diagonale.
– Mars !… commente machinalement le professeur en se tournant vers son ami.
Les six hommes, effarés, observent à présent l’étrange balai qui se déroule sous leurs yeux, sans plus de commentaire. Un serpent est maintenant représenté aux côtés de la planète rouge. Puis, bien que la lampe du professeur soit toujours en action, l’hologramme a brusquement disparu, comme une bulle de savon qui éclate.
– C’est incroyable ! Cette œuvre d’art a bien emmagasiné des énergies qu’elle est à même de restituer sous formes d’images holographiques ! C’est vraiment stupéfiant !… souffle Ballantine.
– Mon cher Dany, je crois que nous ne sommes pas au bout de nos surprises … Cet objet ne peut de toute évidence être apparenté à tout ce qui touche de près ou de loin la civilisation maya et sa présence en ces lieux m’intrigue. Les images holographiques de notre système solaire sont d’ailleurs là pour en témoigner !… résume pensivement Winter… Les Mayas n’avaient incontestablement pas à leur portée la technologie nécessaire à la démonstration à laquelle nous venons d’assister… souligne-t-il encore, visiblement tracassé.
– Cette chose est peut-être atterrie ici par hasard et l’auteur de ce message ignorait certainement la véritable origine du crâne… hasarde Ballantine.
– Venez voir !… le convie alors Winter en se dirigeant sans plus attendre vers le site, après avoir rallumé sa torche, l’obscurité commençant progressivement à envahir les lieux… Lorsque vous m’avez interpellé tout à l’heure, j’étais occupé avec ceci… confie-t-il encore en éclairant la stèle de tuf prismatique qui s’élance devant l’édifice à plus de sept mètres de hauteur sur deux de large, légèrement effritée et encore toute couronnée de broussailles et d’arbustes.Sur sa face est représenté le portrait stylisé d’un colosse, dont la taille frise les trois mètres. La silhouette générale est anguleuse et la tête carrée est surmontée d’antennes. Les jambes sont droites et rigides comme des échasses.
Ballantine a haussé les sourcils …
– A quoi cela vous fait-il penser ?… demande alors à brûle pourpoint Winter, en se caressant pensivement le menton.
Après quelques secondes de réflexion, tant la chose semble incroyable et se grattant l’oreille d’un air perplexe …
– Vous allez certainement rire professeur, mais j’opterais pour … disons … un robot… risque Ballantine, d’une voix hésitante.
– C’est justement ici que le bât blesse Dany … Je pense effectivement qu’il s’agit là de la représentation d’un robot. Mais ce n’est pas terminé. Suivez-moi !… Et il s’arrête aussitôt devant une seconde stèle aux dimensions plus modestes, sur laquelle est cette fois représenté un personnage habillé, dirait-on, en cosmonaute.
– Bon sang ! Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Où voulez-vous en venir professeur ?… s’étonne Ballantine, visiblement intrigué, mais certainement impatient d’en apprendre davantage
– Je dois vous avouer que j’ignore totalement où nous avons mis les pieds Dany. Ces ruines sont certes d’origine maya. Mais comme vous venez de le constater, certains de ces glyphes hors du temps sont autant d’indices, autant de témoignages, qui illustrent et tendent à démontrer à l’évidence qu’il y a eu également en ces lieux une présence ou tout au moins une manifestation autre que la civilisation maya. La mise à jour de ce crâne de cristal avec ce qu’il contient nous amène à la conclusion suivante : Nous venons indubitablement de découvrir les signes d’une ancienne présence pour le moins en avance sur son temps. J’irai même jusqu’à prétendre que tout cela porte à croire qu’un Futur Antérieur ait déjà existé quelque part sur cette planète !
CHAPITRE II
Le lendemain … 8 h du matin …
Ballantine et Winter prennent leur petit déjeuner à l’abri des rayons d’un soleil brûlant déjà haut dans un ciel bleu azur. Leur conversation est essentiellement axée sur le déroulement des derniers événements et concernant bien entendu leurs étranges découvertes de la veille. Ils se sont attardés sur le message contenu dans le Crâne de Cristal.
– Ce type aurait donc monté une seconde expédition depuis Mexico, uniquement dans le but de remettre le crâne à sa place sous l’autel du temple, afin de tenter d’échapper à la colère de ce prétendu golem !… souligne Ballantine, la mine perplexe.
– Et ce terrible secret dont il est question ! Que veut-il dire par-là ?… rappelle Winter en avalant sa tasse de thé à petites gorgées.
– Cet avertissement lui aurait été adressé par la Confrérie des Descendants de je ne sais plus quoi au juste. Mais je suppose qu’il a eu, comme nous, accès à l’image holographique de notre système solaire… imagine Ballantine en terminant son bacon.
– Il est également question dans son message de Capsules du Temps ! Et si nous voulons en croire cette personne, le golem en serait le Gardien !… complète Winter, qui s’est redressé en se tamponnant les lèvres, son petit déjeuner étant achevé.
– Nous ne sommes ici que depuis hier et nous avons, comme on dit en France, du pain sur la planche.. présume Ballantine en quittant la table à son tour.
10 h 25 …
Ballantine et Winter dégagent de la végétation qui l’a envahie, une stèle sur laquelle sont représentées huit des neuf planètes de notre système solaire, situées exactement à la place qu’elles occupent effectivement par rapport au soleil.
– Vous voyez Dany, l’énigme s’épaissit encore… observe le professeur en soufflant légèrement sur la roche, afin d’éliminer la légère couche de poussière qui la recouvre… Cette représentation de notre système stellaire est on ne peut plus fidèle, mais la question demeure la suivante : De qui les habitants de cette petite cité tenaient-ils ces connaissances astronomiques ?
– Et ici ! Cette gravure représente un serpent comme sur l’hologramme ! Ces dessins sont sans aucun doute possible en rapport direct avec ce que nous a révélé le crâne de cristal… ajoute pensivement Ballantine.
– Depuis l’antiquité, le serpent a toujours été le symbole de l’immortalité. Il est indéniablement lié à la représentation figurative d’apparitions cosmiques… remarque le professeur… De plus, chez les Mayas, le serpent était également le symbole de la maîtrise des airs.
– Mais pourquoi diable est-il représenté ici seulement huit des neuf planètes du système solaire ?… observe judicieusement Ballantine.
– Il faut croire que, bien que la figuration de la position de toutes les planètes soit curieusement et scrupuleusement respectée, les Mayas ou les habitants de cette mystérieuse cité ignoraient certainement l’existence de la neuvième … Peut-être manque-t-il la dernière, Pluton… imagine naturellement Winter, en tirant nerveusement plusieurs bouffées d’affilée de sa courte pipe en écume, la tête entourée d’un nuage de fumée.
– Justement non professeur, et c’est bien ce qui m’intrigue !… se presse de corriger Ballantine, visiblement incommodé par les miasmes tabagiques de son ami, lui faisant même comprendre la gêne ressentie et son incommodité à force de gestes appropriés à chasser le panache de fumée qu’il vient d’engendrer… Regardez !… Si l’on part du soleil, nous avons bien Mercure. Mais aussitôt, aux lieux et place de Vénus il y a, si je ne m’abuse, un espace inoccupé. Car voici la Terre, puis Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et enfin la dernière … Pluton.